-Barry Hannah in an interview with the Mississippi Review (1996)
Barry Hannah vit à Oxford (Mississippi), qui est aussi la ville de Faulkner.
Et c'est sans doute aussi pour rendre hommage à son glorieux voisin que les quinze nouvelles de La tête à l'envers se déroulent dans le Mississippi, l'Alabama, la Géorgie, l'Arkansas et le Kentucky, comme un panorama de l'horizon sudiste. Rendre compte de quinze nouvelles aussi denses, noires, tordues, d'un existentialisme grimaçant et qui parlent d'une Amérique dont l'héroïsme se réduit à une horde de menteurs et de lâches minés par l'alcoolisme, le vide et le sentiment de n'être jamais à sa place est une gageure qu'il serait vain de relever.
La lecture de La tête à l'envers laisse l'impression d'avoir assisté à une parade de paraboles, une succession de dix mille phrases étranges et merveilleuses où la violence exulte dans une joie et une bonne humeur d'autant plus surprenantes qu'on se demande, lecture faite, comment on a bien pu se laisser aller à rire d'un monde aussi désespérément condamné à une médiocrité quasi surnaturelle. Une telle amertume serait difficile à avaler sans le soutien d'un cordial si l'écriture de Barry Hannah n'était aussi souvent habitée par la grâce, qui drape l'enfer d'un humour féroce séduisant comme une robe de soie doublée de barbelés.